Milan-San Remo : Gerrans en stratège

Simon Gerrans a remporté samedi l’édition 2012 de la primavera Milan-San Remo. Une victoire quelque peu décriée, mise au second plan par l’énorme performance de Fabian Cancellara. Mais dans le cyclisme, ce n’est pas toujours le plus fort qui gagne.

Milan – San Remo, c’est presque 300km et 6 heures de courses. Et pendant la première moitié, on s’ennuie. L’échappée matinale est partie, a pris sa dizaine de minutes d’avance et voilà : rien d’autre à ajouter. Mais quand, dans la montée de la Manie à 94km de l’arrivée, la côte la plus dure du parcours, le grand favori Mark Cavendish lâche prise, la course se débride un peu. Deux pelotons se forment, Sky fait le forcing pour revenir mais c’est trop tard. L’Anglais est en difficulté dès que la route s’élève. Il doit faire une croix sur la victoire.

Le peloton arrive alors groupé dans la Cipressa, à 22km de l’arrivée. Patxi Vila et Johnny Hoogerland attaquent dans cette montée et passent en tête au sommet. Derrière, une chute met Gilbert à terre. Le Belge ne gagnera pas lui non plus. Dans la descente, c’est la Liquigas de Sagan et Nibali qui prend les choses en main et qui part en chasse derrière les deux hommes de tête.

Agnoli attaque dans le Poggio, dont le sommet est à 6km de l’arrivée. Un choix tactique de la Liquigas pour que les autres équipes roulent à leurs tours. Logiquement, et comme il l’avait annoncé, Nibali attaque juste avant le sommet. Gerrans, qui saute dans sa roue, et Cancellara sont les seuls à suivre.

Le Suisse fait la descente à fond, puis prend seul les relais pour empêcher les poursuivants de revenir. Gerrans, ayant Goss derrière, ne prend pas un relais et Nibali non plus, car l’Italien a Sagan derrière aussi. Cancellara réalise un numéro dont lui seul a le secret et emmène Gerrans sur un plateau pour la victoire finale. Nibali se classe 3ème et Sagan règle les poursuivants.

A 31 ans, Gerrans signe donc sa plus belle victoire. L’Australien réalise un excellent début de saison, après son titre de champion d’Australie et sa victoire au classement général sur le Tour Down Under. Il gagne, en fin stratège, en profitant du travail de Fabian Cancellara. Il a aussi bénéficié du fait que son compatriote Goss, vainqueur sortant, était derrière pour ne pas faire un erreur dans le groupe de tête afin de pouvoir profiter ensuite de sa pointe de vitesse pour l’emporter.

Une belle victoire tactique, qui fait débat, Cancellara étant le “vainqueur moral”, mais c’est bien Gerrans qui voit son nom s’inscrire au palmarès et un nouveau statut s’offrir à lui: celui de quelqu’un capable de gagner une grande classique. Dès lors, pourquoi le duel annoncé entre Alejandro Valverde et Philippe Gilbert dans les Ardennaises ne se transformerait pas en lutte à trois ?

Dudu

Cet article, publié dans Foire aux olives, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

2 commentaires pour Milan-San Remo : Gerrans en stratège

  1. Ping : La Paillade Académie note Gazélec Ajaccio-Montpellier (1-0) | Horsjeu.net

  2. V_Glo dit :

    Gerrans avait pas mal tourné autour l’an dernier: 3e de l’Amstell, 2e à Plouay. Avec son début de saison on peut amplement le mettre comme l’un des favoris des Ardennaises. Concernant Cancellara… Que dire… J’ai eu l’impression de voir les frères Schleck l’an dernier sur LBL quand ils ont emmené Gilbert dans un fauteuil. Aucune stratégie. Canci n’avait pas plus à rouler que ses compères, Bennati étant dans le groupe de poursuivants (d’ailleurs en parlant de ça, il me semble que Goss termine dans un 3e groupe, Gerrans pouvait donc prendre des relais). Je pense qu’il était justement dans ses intérêts de temporiser pour en remettre une, quitte à attendre une jonction avec le groupe de chasse. Quand on connaît le Suisse, on sait très bien qu’il est capable de sortir tout le monde de sa roue sur le plat. Je n’ai vraiment pas compris sa course, lui qui se disait frustré de ses places d’honneur sur les classiques l’an dernier (3e aux Flandres, 2e à Roubaix et à MSR, …). C’est à croire que chez les « Leopard-RadioShack » on aime se contenter de la victoire morale depuis l’an dernier. Sauf qu’on ne se souvient bien souvent que du vainqueur… Et puis Nibali, nan mais wait, qu’est-ce qu’il a foutu là ? Il est sorti juste pour faire la déco dans le final ? Certes c’est lui qui dynamise un peu tout dans la Poggio et je veux bien que le rythme de Canci devait être sacrément élevé, mais il savait très bien qu’il était moins rapide que Gerrans et Cancellara et qu’il n’avait aucune chance en arrivant au sprint avec eux. Il ne pouvait pas tenter d’anticiper dans les derniers mètres quand le coureur de la RadioShack temporise légèrement ? A ce compte-là, autant jouer la carte Sagan. Bref, c’est facile de taper sur les doigts quand on y était pas… Félicitations tout de même à Gerrans qui mérite sa victoire. Le gros point positif de cette édition, c’est qu’elle va sûrement nous donner un nouveau final pour l’an prochain, final qui devrait être très intéressant.
    Voilà ce que j’avais à dire, désolé du roman ^^’

Laisser un commentaire