Une soirée napolitaine

Pour assister au match, j’avais rendez-vous avec des amis, napolitains pour la plupart, italiens au moins pour le reste. Si le football est universel, le SSC Naples est le club universel par excellence. Bien sûr il y a le poids de l’Histoire. Naples, c’est Maradona, le plus grand joueur de l’Histoire. Mais il y aussi le poids de nos histoires. C’est un grand-père qui un jour a fait le choix de l’émigration. Un héritage qui vous marque, et vous conditionne pour aimer Naples. Avant de connaître l’existence des mots palimpseste et aptonyme, vous connaissez des mots de napolitain. Quand mon voisin de droite -que je ne connaissais pas- me demande si je suis français, je lui réponds « oui, mais j’aime Naples ».

L’ambiance est particulière. C’est un bon moment, l’alcool coule à flots. Pourtant il y a de la tension dans l’air, et l’on s’inquiète déjà, avant l’heure, de l’issue du match. Naples a beau avoir gagné 3-1 au match aller, Roberto se mange les doigts. Le début de match n’arrange pas les choses. Comme on pouvait s’y attendre, la possession est très largement en faveur des Anglais, avec un back four à l’extrême limite de son camp. Il faudrait pouvoir jouer les contre-attaques, malheureusement la qualité de transmission n’est pas bonne au milieu, quand ce n’est pas la rapidité d’exécution qui fait défaut. Mes camarades de soirée jurent tout le temps, avec cette façon qu’ont les Italiens, sourire aux lèvres et malice dans les yeux. Évidemment je les imite, et j’apporte la french touch, à grand renfort de « putaing » et « enculé ». Et puis Chelsea ouvre le score, par l’intermédiaire de Drogba. De la tête, pour changer. Alors là on tape tous très fort sur la table, et les Espagnols qui sont venus voir jouer Madrid se retournent, amusés. Tu parles… pour eux l’affaire est dans le sac, les Russes vont prendre une valise. Une métaphore filée qui n’arrange rien à nos affaires, puisque Chelsea, à la mi-temps, a fait la moitié du travail.

Après avoir englouti un home made burger et quelques gorgées de bières, le spectacle reprend. Naples ne sait pas gérer un résultat, ce n’est pas dans sa philosophie et, surtout, c’est la conséquence du système de jeu développé par Walter Mazzarri. Alors, à mi-chemin entre le magnifique et le tragique, mais toujours dans la note, il y a de quoi vibrer avec Naples. En l’occurrence nous passons par plusieurs états : d’abord le désespoir, quand Chelsea double la mise, et se trouve virtuellement en quarts de finale. Encore une fois, Aronica s’est troué. Alors Naples appuie sur l’accélérateur (il était temps!) et se livre à un assaut brouillon des buts gardés par Cech. Cela finit par payer et c’est l’ivresse : un corner mal dégagé, un ballon qui parvient à Inler à mi-distance, et c’est but.

Mais Dossena a chié dans la colle. Une main dans la surface, un pénalty, et Chelsea remettait les pendules à l’heure. Il fallait alors jouer les prolongations. Un mercenaire de l’Est inscrivait le quatrième but pour Chelsea, pendant qu’un autre mercenaire de l’Est (ancien pensionnaire de Giuseppe Meazza) chiait dans la colle à son tour. Il ne restait que l’alcool, et l’invective. Drogba nous la faisait à l’envers, aussi en prenait-il pour son grade. Et puis la précipitation prenait le pas sur la rapidité d’exécution, les Blues remportaient le combat physique et gagnaient le duel à l’expérience.

Voilà, Naples est éliminé. Nous sommes dépités, et ne nous attardons pas. Mais au fait : où étaient les supporters de Chelsea ?

Loulou

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